Pour passer au zéro déchet, la question du prix est souvent un frein. “C’est bien gentil tout ça mais passer au zéro déchet ça coûte cher.” J’ai régulièrement la réflexion dans mon entourage. Lors du sondage que j’avais proposé, c’est un point qui revenait dans les premiers blocages.
Quand on parle de zéro déchet, on pense de suite à l’achat en vrac, aux produits bio, à s’équiper en objets réutilisables. Mais, il n’y a pas que ça il faut le voir sur le long terme et dans la globalité. Il y a de nombreux gestes écolos tout aussi importants, voir plus, qui sont économiques et bons pour préserver les ressources de la planète.
Est-ce plus coûteux de se mettre au zéro déchet ?
Oui, passer au zéro déchet peut coûter cher
Oui, passer au zéro déchet peut être un coût au départ.
Tout d’abord, s’équiper en gourdes, bocaux, pochons en tissu, objets réutilisables… est un budget c’est sûr mais celui-ci sera amorti sur le long terme. Ce-ci dit, il y a des astuces afin de minimiser ce budget : acheter d’occasion (les bocaux par exemple), avoir recours au don (sur la plateforme Geev par exemple), étaler les achats sur un an, se les faire offrir à Noël ou aux anniversaires, emprunter, etc. On peut également réaliser certains éléments soi-même (pochons en tissu, éponge lavable, serviettes de table…),
Deuxièmement, si vous n’avez pas l’habitude d’acheter des produits bio, de la viande au marché cela va vous paraître hors de prix ! Le gap chez nous a été lorsque l’on est passé au bio petit à petit. Il ne faut pas hésiter à prendre son temps. On a dû mettre 7 ans à passer au bio pour la majeure partie de nos produits. Monsieur trouvait ça trop cher au départ. Et puis, petit à petit il m’étonnait en allant y faire nos achats. Maintenant, c’est dans notre mode de fonctionnement. Du coup, le passage au vrac ne nous a pas semblé plus cher.
Acheter les produits chez un fromager, boucher ou charcutier est également plus coûteux. Notre solution : en acheter moins. Cela rééquilibre le budget. Il faut souvent un temps d’adaptation afin de trouver la quantité nécessaire pour une semaine. Chez nous, on dépense plus en fromage et viande l’hiver, avec un budget fruits et légumes plus élevé en été ; ce qui rééquilibre le budget global. En revanche, le goût est incomparable ! Ensuite, difficile de revenir aux aliments de supermarchés.
Acheter français, éthique, durable doivent être les dépenses qui paraissent le plus inaccessibles. Même pour moi. Certaines marques sont magnifiques mais pas dans notre budget. Et puis, lorsque l’on a besoin d’un nouvel objet, pourquoi l’acheter forcément neuf ? Si c’est un souhait et possible pour vous, c’est bien de privilégier et soutenir les marques engagées.
Les dépenses liées à l’écologie sont un tout.
Les dépenses liées à l’écologie sont un tout. Il ne faut ne pas s’arrêter à l’alimentation ou à un équipement plus cher. Il faut voir la démarche dans son ensemble et sur plusieurs années. Je n’ai jamais calculé les économies réalisées grâce au zéro déchet. Cependant, je sais précisément l’argent que je ne dépense plus. Avant, chaque année, je dépensais environs 1 000 € (en tout) aux soldes été/hiver pour 3 personnes. Lors de notre passage au zéro déchet, je n’ai pas acheté de nouveaux vêtements pendant 2 ans et j’avais de la réserve pour les enfants. Maintenant, j’achète les vêtements d’occasion, souvent en brocante pour les enfants ; ils en reçoivent aussi en cadeau de Noël.
Acheter d’occasion, et moins, est une réelle solution pour équilibrer le budget. Or, on a tendance à ne regarder que ce que l’on va dépenser et non les économies que l’on va faire en consommant moins et différemment.
Une autre façon de consommer
> Alimentation
Certes l’alimentation bio est plus chère mais on consomme différemment. On va faire attention aux aliments que l’on achète plus chers, il y a moins de gaspillage.
Faire maison est également plus économique. Ramener son plat au travail plutôt permet également de faire des économies, même un plat bio. Si vous vous dites “c’est bien beau tout ça mais il faut avoir du temps”, n’hésitez pas à aller lire mon article sur ce sujet.
Plusieurs solutions pour réduire ces dépenses :
– Y aller progressivement.
– Privilégier les aliments abordables dans un premier temps. Certains produits n’ont pas une grande différence avec les supermarchés. En été, nous achetons des fruits en culture raisonnée, ceux en magasin bio sont trop chers pour nous.
– Cuisiner plus de légumes et moins de viande, ou en plus petite portion.
– Faire maison même avec des produits non bio, vous éviterez les additifs, colorants et autres produits néfastes pour la santé.
> Vêtements
On peut avoir moins dans nos armoires. Pas besoin d’avoir vingt pantalons, une dizaine peut suffire ; et certains trouveront le chiffre encore trop élevé. On achète moins mais mieux.
Avant tout achat, demandons nous si nous en avons réellement besoin, si oui de nombreuses solutions existent afin d’éviter la fast fashion et la sur-consommation.
N’hésitez pas à faire du tri dans votre penderie. Ca vous permettra d’y voir plus clair et d’avoir un dressing succinct mais qui vous plaît vraiment. Vous pouvez vendre les habits dont on a plus besoin sur les sites Vinted, Vide Dressing et Le bon coin ou en brocante. En vide grenier les prix sont moins élevés, toutefois c’est assez pratique lorsque l’on veut vendre des vêtements en grande quantité. Sur les sites en ligne cela prend plus de temps. Manquant de temps au quotidien, ça peut se faire petit à petit. On peut aussi faire des lots pour 30/40€, ce qui peut être pratique.
Pour les adultes, le point vêtements est compliqué je trouve. A chacun de trouver la solution qui convient : vide grenier, sites d’occasion en ligne, dépôt vente, friperies, dons.
Certains vont avoir du mal à acheter d’occasion mais trouveront les marques éthiques hors budget. C’est là où il faut penser différemment. On peut prendre le temps de faire le tri dans notre penderie, revendre les vêtements non portés afin d’avoir la somme souhaitée pour un nouvel habit d’une marque éthique. On peut acheter une ou deux belles pièces par an à la place d’une dizaine en fast fashion. Ou encore profiter des soldes pour acheter une pièce éthique à un prix raisonnable.
> Jouets / jeux
L’idée c’est d’avoir moins et d’acheter d’occasion. C’est un point où l’on peut facilement faire des économies en :
– achetant des jouets d’occasion dans les brocantes, sites en ligne, association (rejoué par exemple),
– ayant moins de jouets,
– revendant les jeux qui ne servent plus.
On peut aussi “consommer sans posséder” en allant à la ludothèque. On peut aussi proposer aux copains des enfants de se prêter mutuellement des jouets et jeux.
> Livres
La solution très efficace chez nous est d’aller régulièrement à la médiathèque. Les enfants adorent choisir leurs livres, BD, DVD, livres audio… Cela permet de lire à volonté, de renouveler leurs lectures et d’éveiller leur curiosité. Sinon il y a toujours la possibilité de les acheter d’occasion ou en librairie de quartier.
> Divers
En premier lieu, demandez-vous si l’objet nouveau que vous souhaitez est vraiment nécessaire. Si oui, pensez à avoir le réflexe de chercher d’occasion l’objet souhaité. On peut aussi réparer, emprunter, louer…
Pour tout ce qui est jetable (sopalin, sac en plastique, éponges…) on peut le remplacer par du lavable. Regardez d’abord ce que vous avez chez vous ou si vous pouvez le réaliser vous-même.
Il y a aussi tout ce qui est utile au quotidien mais qui est juste une dépense : maquillage bio, brosse à dents en bambou ou à tête rechargeable, savon et shampoing solide… C’est ré-équilibrer par les économies que l’on fait dans d’autres domaines, ou les achats que l’on ne fait plus car on consomme moins.
Louer, réparer, emprunter…
Réparer, louer, emprunter, échanger, consommer moins, acheter d’occasion font faire des économies non négligeables.
Réparer
– Faire réparer les talons de ma paire de bottes (15 €) plutôt qu’en acheter une nouvelle (minimum 100 €).
– Réparer les jeans troués des enfants plutôt qu’en acheter des neufs.
– Ne pas hésitez à faire jouer la garantie en réparant nos appareils électroménagers.
– Changer la boucle d’un cartable plutôt que d’en racheter un. Chez tann’s, par exemple, il envoie des pièces détachées gratuitement à vie. Ensuite c’est à nous de faire la réparation.
– Acheter un couvercle de tupperware (3,50 €) plutôt que le racheter en entier. (10 €)
Emprunter
Pensez à demander à votre entourage pour quelque chose qui va servir une fois plutôt que de l’acheter et de le stocker inutilement. Des bottes de pluies pour une sortie d’école, de la vaisselle pour une fête avec une trentaine de personnes, un pantalon noir pour un spectacle, un moule à gâteau précis, etc.
Par où commencer ?
Faîtes avec vos moyens et petit à petit. Il n’y a pas de bonne ou mauvaise solution. Commencez par les tâches qui vous font faire des économies. Acheter un téléphone reconditionné, économiser des ressources en réparant un vêtement ou de l’électroménager sont des gestes tout aussi importants pour la planète.
Vous pouvez également commencer par désencombrer votre intérieur et revendre ce dont vous n’avez plus besoin. Certains pourront être découragés de commencer ainsi car cela prend du temps. Il faut trouver ce qui nous convient, ce qui vous motive et vous parle.
En parallèle, pensez à privilégier les achats d’occasion, réparer ce qui peut l’être, emprunter ce qui va servir une fois dans l’année (perceuse, service à fondue…).
Ensuite, vous pouvez privilégier les objets réutilisables peu coûteux : sac en tissu, pochons à vrac, bocaux de récup, serviettes de table, torchons, éponges lavables…
Tout à la fin, vous pourrez avancer vers des achats durables plus onéreux (gourdes en inox, cotons démaquillants réutilisables, culottes menstruelles lavables, tupperwares en verre…). Encore une fois, n’hésitez pas à les proposer en idée de cadeau.
Pour conclure, il faut le voir dans sa globalité et sur le long terme. L’idée que le zéro déchet coûte cher est une idée reçue. Certes le point alimentation vous coûtera plus cher, mais ce sera rééquilibrer par le fait de réparer, d’acheter d’occasion, d’emprunter, de consommer moins, de faire maison ou encore de réaliser qu’un achat est finalement inutile.
Et puis, on y gagne en qualité de vie.
Photo de couverture de Towfiqu barbhuiya sur Unsplash